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Le procès de Jésus / Jésus ! Qui est comme Toi ? / Le livre de Michel / Michel BOUZAT / Rugissement




LIVRE SECOND

Le procès de Jésus



Acte II

L'interrogatoire juif

Scène 6

Le tragique

Face à face


À l’air hautain, au front têtu, obstiné, borné, le grand prêtre se lève parmi l’assemblée, interroge Jésus : Tu ne réponds rien ? Quels témoignages contre toi ! (Mc 14,60).


Digne, majestueux, Jésus garde le silence, il se tait et ne répond rien (Mc 14,60-61).

Pierre parle du Christ comme modèle à suivre qui : insulté ne rend pas l’insulte souffrant ne menace pas mais se livre au juste Juge (1 P 2,21-23).

Le Tribunal connaît de bouche-à-oreille que l’inculpé se prétend le roi des Juifs (attendu et promis).


Ses membres examinent l’affaire, débattent et délibèrent : Quelle résolution prendre ? La décision leur revient, il faut trancher.


À nouveau Caïphe l’interroge : Toi, es-tu le Messie (le roi d’Israël), le fils du Béni (le Fils de Dieu) ? (Mc 14,61).


Jésus répond oralement, et il affirme d’un ton ferme que oui : Moi, je suis (Mc 14,62).


Comment comprendre cette dénomination ?


Le terme Messie désigne le Christ : l’Oint du Seigneur, l’Envoyé et le Libérateur du peuple de Dieu.


Sa personne incarne la figure du Prêtre (Celui qui pardonne les fautes, les péchés et les offenses) ; du Prophète (Celui qui fait revenir les cœurs et les esprits au Seigneur - Luc 24,46-47 -), et celle du Roi (Celui qui règne dans tout l’univers : le Christ Pantocrator).


Le titre peut évoquer des acceptations variées, douteuses voire inquiétantes : d’un vainqueur sur l’occupant romain ou d’un ultime agent de Dieu rétablissant tout de suite son règne et sa souveraineté, ce pourquoi Jésus se tient tant sur la réserve à ce sujet.


Jésus révèle le mystère du titre aux adeptes de Jean-Baptiste venus l’interroger pour savoir s’il est bien celui qui doit venir : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts se réveillent et les pauvres reçoivent l’annonce (Mt 11,2-6).


De son vivant, quelques proches concitoyens confessent qu’il est le Messie.


D’inspiration, ses proches disciples attestent extrêmement : Toi, Tu es Dieu ! De Dieu ! Le Fils du Père ! Celui qui peut tout, à qui tout est possible ! (Voir les récits de la confession de foi de Pierre (Mc 8,29 ; Lc 9,20 ; Mt 16,16 ; Jn 6,69), des barques pleines de poissons (Lc 5,1-11) et de Jésus qui marche sur les eaux (Mt 14,22-33).


Le mystère admet l’indéfinissable souffrance, précisément de la part d’autorités religieuses : Le fils de l’homme doit souffrir beaucoup être rejeté par les Anciens (Mc 8,31).


Il inclut la mort comme le relèvement d’entre les morts au troisième jour.


Il rejette clairement, purement et simplement la mondanité.


Il bannit tout prestige comme le sacre public : Sachant qu’ils doivent venir le chercher pour le faire roi, il se retire encore une fois sur la montagne tout seul (Jn 6,15).


Il écarte le pouvoir, les honneurs et les places au soleil : Jacques et Jean lui disent : Donne-nous de siéger l’un à ta droite, l’autre à ta gauche, dans ta gloire. Il leur dit : Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche ce n’est pas à moi de le donner, c’est pour qui c’est préparé (Mc 10,37 ; 40).


Il exclut la prétention à asservir, à assujettir : Le diable le prend à nouveau sur une haute montagne, il lui montre tous les royaumes de l’univers avec leur gloire et il lui dit : Tout cela, je te le donne si tu te prosternes devant moi. Jésus répond : Pars, Satan ! Oui, c'est écrit : Prosterne-toi en face du Seigneur ton Dieu, sers-le lui seul (Mt 4,8-10).


Il repousse tout appui naturel sur les origines (la descendance) et proscrit les liens du sang : Qui sont ma mère et mes frères ? Il regarde à la ronde ceux qui sont assis en cercle autour de lui et dit : Voici ma mère et frères. Qui fait la volonté de Dieu, celui-là est ma mère, ma sœur, mon frère (Mc 3,33-35).


Venu pour souffrir Jésus a pris une condition d’esclave, venu pour les pauvres, il a voulu naître pauvre, afin de pouvoir être familier avec eux. C’est le véritable portrait du Messie l’unique libérateur, tel qu’il nous est désigné par les prophéties, tel qu’il nous est montré dans son Évangile (1).


Graduellement, le titre sacré Messie identifie absolument Jésus au Fils de Dieu : le Fils du Père des Cieux.


Jésus porte le salut du Seigneur.


Il apporte Dieu, le rend visible, présent en sa personne, ses paroles et ses gestes.


Nonobstant, pour se définir Jésus n’emploie jamais la formule de Fils de Dieu.


Il utilise toujours la figure spéciale de Fils de l’homme : Vous verrez le fils de l'homme assis à la droite de la Puissance. Il vient avec les nuées du ciel (Mc 14 ,62).


L’expression Fils de l’homme peut signifier : Moi, quelqu’un, la personne que je suis (2).


Le Fils de l’homme mange, dort, habite avec les mortels perdus dans la nuit, souffre avec et comme eux.


Il aime ses semblables.


Exalté en son être de chair, il viendra pour les juger et les sauver (Mt 26,64 ; Ps 110,1).


En Orient, dans le cercle apocalyptique juif du premier siècle de notre ère, le Fils de l’homme évoque un personnage messianique figurant la destinée du Juste (à la suite de la vision de Daniel au chapitre VII), à la fois humain et céleste, simultanément souffrant et exalté par Dieu.


Très vraisemblablement, encore et toujours Jésus emploie l’étonnante locution sur cette toile de fond.


Il essaie d’expliquer son identité spécifique de manière compréhensible et accessible : Vous verrez le fils de l’homme assis à la droite de la Puissance (un être humain et céleste, souffrant et magnifié par Dieu) venant avec les nuées du ciel (Mc 14,62).


Jésus prévient.


L’expression tirée de l’étude de Daniel VII, en référence au Psaume 110,1, le différencie, le singularise et le caractérise.

Le grand prêtre n’envisage pas un instant que le Messie puisse et doive souffrir.


Jésus notifie sa glorification messianique (sa Majesté divine) à ses farouches adversaires : Désormais le fils de l’homme siégera à la droite de la puissance de Dieu (Lc 22,69).


Cette prétention arrogante au rôle comme aux prérogatives divines, n’appartenant qu’au Fils de l’homme apocalyptique, justifie et explique partiellement la lourde accusation indignée à son endroit de la part du grand pontife Caïphe de blasphémateur.



NOTES

(1) Évangile :

Bossuet, Premier sermon pour deuxième dimanche. Avent. En ligne. Le Grand Robert, consulté le 27 juin 2019, article « Messie ».


(2) que je suis :

un soi-disant Publius Lentulus, qui se dit gouverneur de Jérusalem, écrit une lettre censée être adressée au Sénat et au Peuple romain, dans laquelle il donne des précisions frappantes sur le physique de Jésus, pour le moins étonnantes, même si elles ne sont pas historiques : « Il a le visage vénérable, tel que ceux qui le regardent peuvent à la fois le craindre et l’aimer. Ses cheveux sont couleur de noisette mûre, plats presque jusqu’aux oreilles, avec un léger reflet bleuâtre et ils flottent sur les épaules. Son teint est coloré, son nez, sa bouche, sans défauts. Il a la barbe abondante, de même ton que sa chevelure, pas très longue, divisée au menton. Sa stature est élancée et droite, ses mains et ses bras admirables (…). C’est le plus beau des enfants des hommes ! » (Daniel Rops, 1962. p. 388-389, Jésus en son temps, Éditions Fayard, 882 p.). Selon saint Irénée (II ème siècle) : « L’image charnelle de Jésus nous est inconnue. »



À jeudi prochain !


Bien à vous,


Michel BOUZAT




























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